STREET ART PROJECT avec Seb Toussaint

Les 18 et 19 mars derniers, un groupe de 1ere spécialité Anglais Monde Contemporain (LLCER-AMC) a pris part à un projet de création de fresque dans le lycée avec Seb Toussaint, artiste franco-anglais, dans le cadre d’une séquence pédagogique sur le street art.
Les élèves reviennent sur cette belle rencontre.

1. Présentation de l’intervenant

Seb Toussaint est un street artist Franco-Britannique, né le 5 juin 1988 à Caen. Il a commencé son projet “Share the word” il y a 8 ans. Il est passionné de Football et devient un Ultra du Stade Malherbe de Caen (SMC) avec qui il continue de collaborer régulièrement pour le design des vêtements et la confection de visuels. En 2012 il effectue un tour du monde à vélo avec ses amis, ce que lui donne l’idée de son projet.

2. Son projet

“Share the word” est un projet lancé par Seb Toussaint et son photographe et ami Spag, avec qui il forme alors le collectif “Outsiders Krew”.
Il voyage dans des bidonvilles, camps de réfugiés et favelas d’une vingtaine de pays (Uruguay, Uganda, Irak, Philippines, Ethiopie, Inde,…). Son projet consiste à donner la parole aux habitants/réfugiés : ces derniers choisissent un mot que Seb graffera/peindra sur un mur de leurs habitations. Ainsi grâce à son art il transmet le message des populations défavorisées au monde.
Depuis 8 ans Seb a peint plus de 200 mots à travers le globe.
Durant ce projet, il a rencontré beaucoup de gens et il en tire de nombreuses histoires touchantes et humaines.
Par exemple :
Un homme et sa femme venaient d’arriver dans la jungle de Calais et devaient partir en Angleterre sur le wagon d’un train de marchandise. Malheureusement lorsqu’il a aidé sa femme à monter sur le train, ce dernier a commencé à démarrer sans lui. Sa femme est arrivée à Londres et l’a appelé. Depuis ce jour, il espère la rejoindre.
L’homme choisit alors le mot “Faith”(Foi) , symbolisant l’espoir de retrouver sa femme.

3. Question des élèves

Où trouvez-vous votre inspiration ?
“Mon inspiration ne vient pas forcément des autres artistes mais de tout ce qu’il y a autour de moi : l’environnement, l’architecture, certains motifs de tee-shirts...Quand tu es un artiste, tu as vraiment besoin d’avoir un bon sens de l’observation. L’inspiration vient de la vie de tous les jours.”

Comment avez-vous trouvé votre propre style ? Et quel conseil pouvez-vous donner à quelqu’un qui voudrait commencer ?

“Quand j’avais ton âge, j’étais impatient de trouver ma propre identité artistique et j’ai essayé beaucoup de styles différents. Je m’intéressais à toutes les formes de street art et à l’âge de 22 ans, j’ai trouvé ce qui me correspondait, mais c’est un processus qui prend du temps !”

Comment choisissez-vous la personne qui donne le mot ?

“Au début, je rencontre le chef du camp pour expliquer mon projet et avoir son accord pour peindre les murs du bidonville. Souvent une personne me propose de venir chez elle pour peindre sa maison. Au fil des jours, de plus en plus d’habitants veulent eux aussi avoir une fresque sur leur mur et cela me permet de faire connaissance. Malheureusement, la durée de mon séjour m’empêche de contenter tout le monde. Cela me force à faire un choix, donc je sélectionne le mur qui a plus de visibilité et qui est le plus simple à peindre. J’essaie de choisir différents types de personnes avec différentes histoires.”

Pouvez vous gagner de l’argent avec le street art ? Comment gagnez vous votre vie ?

“Je peins pendant 8 mois pour des particuliers, je fais des toiles et je les vends grâce à instagram ou à des expositions. Je divise en deux l’argent que je gagne pendant ces mois de travail : une partie pour mes vacances d’un mois et une autre pour mes 3 mois de projet “Share the Word”

Voulez-vous collaborer avec d’autres artistes ?

“Cela semble difficile car je ne peins jamais aux mêmes endroits. Ca serait difficile, je pense, de combiner nos styles. Mais je ne suis pas totalement contre cette idée : j’aimerais beaucoup peindre avec DAGOR1 au Venezuela. Cet artiste vient d’un milieu aisé. Ill peint lui aussi dans des bidonvilles et s’occupe des habitants de ces quartiers. C’est vraiment celui avec qui j’aimerais le plus collaborer !”

4. Déroulement des deux journées et impressions

Le jeudi matin, à 9 heures, nous avons fait la rencontre de Seb. Il nous a présenté son projet « Share the Word » qui existe depuis 8 ans et qui consiste à illustrer sous forme de street art des mots choisis par les habitants de lieux défavorisés comme les bidonvilles et les camps de réfugiés. Seb nous a montré plusieurs de ses œuvres qu’il a réalisées autour du monde, par exemple en Colombie en Inde ou encore au Niger. Il nous a raconté une anecdote concernant le Niger : la femme qui a choisi le mot « Yarinta » (jeune en français) voulait dénoncer les mariages prématurés dans le monde puisque cette dernière en a été victime. Elle a été mariée à l’âge de 12 ans et a eu des enfants à 13 ans.
Il nous a fait part d’une seconde anecdote. Celle-ci concernait un adolescent sicilien qui a opté pour le mot « muturi » (moto en français) car pour lui avoir une moto et partir de son village signifie avoir de la liberté.

Après nous avoir présenté ses œuvres, Seb nous a montré celles d’autres artistes car il voulait nous apprendre la différence entre un « tag », c’est-à-dire la réalisation la plus simple et basique d’un street artist (souvent un pseudo ou un mot) , un « throw-up », (une œuvre un peu plus complexe et qui demande plus de temps) et une fresque qui contient plus de détails et de couleurs.

Dans la seconde partie de la matinée nous l’avons interviewé. Globalement , l’ensemble de la classe a apprécié la matinée. Il nous a montré et expliqué sa passion en nous apprenant également du vocabulaire spécifique au street art.

Le jeudi après-midi , Seb nous a initiés au graffiti en nous faisant dessiner nos prénoms de plusieurs manières sur une feuille blanche. Nous nous sommes entraînés aux différentes techniques comme les ombres , la 3D , la perspective et aux différents types d’écritures comme le serif , l’italique , la bulle ou encore les coulures de bougies. Il nous a fait écrire avec notre propre style le mot « cliff » qui signifie « falaise » pour faire référence à notre ville.

En fin d’après-midi nous avons fait une sélection de plusieurs mots que nous voulions écrire sous le porche. Après une discussion et un vote , nous avons décidé de conserver les mots « Hope » et « Trust ». Ensuite nous avons discuté des styles et couleurs dans lesquels nous allions peindre ces derniers. Nous avons opté pour des couleurs plutôt pastels pour l’intérieur de « Hope » avec des lettres courbes et des couleurs plus vives pour « Trust » avec des lettres au départ droites puis courbes à la fin du mot.

Le vendredi matin nous nous sommes retrouvés en classe entière pour confirmer le choix des couleurs et de l’écriture , nous avons ensuite formé des groupes pour commencer à nous entraîner avec les bombes de peinture. C’était une découverte pour nous et nous avions du mal au départ mais au fil des essais et des conseils de Seb , nous avons appris à nous servir correctement des bombes. Les élèves étaient tous heureux et appréciaient le projet.

Après le repas nous devions nous retrouver une fois de plus par groupe , en alternant toute l’après midi pour réaliser la fresque finale (voir photos). Il y avait une bonne ambiance. Seb ainsi que Mr Baron étaient là pour nous aider , la plupart des élèves étaient concentrés , tout le monde voulait que le résultat soit beau donc nous étions très pointilleux et appliqués. Les élèves s’aidaient également entre eux et tout le monde participait.

Quand tous les groupes sont passés et que les mots étaient peint sur les murs , Seb a fait quelques retouches pour que le travail soit réellement parfait. Nous avons ensuite tous remercié Seb et Mr Baron pour la création de ce projet et nous nous sommes tous applaudis. Avant de dire au revoir à Seb nous avons prit une dernière photo tous ensemble et puis nous sommes partis.

Cette expérience nous à permis à nous les élèves de nous connaître encore plus : des élèves qui ne s’étaient jamais parlé auparavant ont pu discuter et partager des choses. Mais elle nous a également parmis d’en apprendre davantage sur le monde de l’art , avec ses outils ses inconvénients mais surtout ses avantages .

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